2024 05 01 1ermai Besancon 6 1536x1024
-

Besançon : plus de 2 000 personnes au 1er mai syndical et intersectionnel

L’année 2024 était modestement attendue, après un record d’affluence suivant l’opposition à la réforme des retraites. Ce sont tout de même quelque 2 000 manifestant·es qui étaient compté·es d’après nos estimations, un chiffre honorable pour cette date emblématique des luttes syndicales et politiques. Avec, au-delà du traditionnel défilé, la constitution de cortèges intersectionnels, libertaires, ou dédiés à la cause palestinienne. La journée s’est achevée par divers moments conviviaux, du village CGT à la place Marulaz en passant par un apéro sur Révolution.

Libertaires et intersectionnel·les prennent la tête

Une fois n’est pas coutume, les travaux institués dans la commune chamboulent les habitudes de parcours ; à commencer par le lieu de départ, fixé esplanade des Droits Humains. Pas de quoi empêcher les convergences, qu’elles soient syndicales, politiques ou associatives. Un amorcement également marqué par l’hommage à la cause palestinienne, dont les échos sont particulièrement forts à Besançon. La réforme de l’assurance-chômage, la révision des délais relatifs aux procédures prud’homales, ou encore le pouvoir d’achat, furent d’autres thèmes majeurs évoqués.

Autre nouveauté, l’apparition d’un cortège intersectionnel aux côtés des libertaires de la région. Anar’, antifas, féministes, LGBT+, TDS, étudiant·es, ou encore écolos, se retrouvaient donc, en tête de cortège, bien décidé·es à être désormais pleinement présent·es et visibles au sein des mouvements locaux. Derrière une large banderole « deter’, vener’ et révolutionnaires » parsemée de drapeaux noirs, ielles étaient au moins deux cents. Une lame de fond devenue implacable, après des années de batailles avec des milieux militants souvent jugés datés voire réactionnaires.

Après une déambulation d’environ une heure dans le vieux-centre, l’arrivée s’est effectuée sans encombre vers 12h00 place de la Révolution. Si certain·es sont resté·es là pour un pique-nique, bon nombre de convives se sont massés place Marulaz où était dressé un repas à prix libre ainsi que sur la promenade Granvelle avec le village CGT. Les discussions entre les différentes centrales avaient été trop tardives cette année pour aboutir à un projet commun, mais les organisations SUD/Solidaires et la FSU ont émis le souhait d’un rapprochement futur en ce sens.

Fichages douteux et atteintes aux libertés de la presse, aussi au menu

Alors qu’une équipe véhiculée de policiers ouvrait la marche, le gradé d’astreinte effectuait le trajet à pied comme d’usage. Mais à de nombreuses reprises, nous avons observé que celui-ci filmait des participant·es ; remontée de terrain images à l’appui, souvenirs personnels, ou tentative de fichage ? À cette question, deux témoins apportent une lecture sans nuance ; selon elleux, ielles ont entendu, via son talki-walki, que le fonctionnaire était invité à « photographier les têtes du groupe Intransigeance. » En somme, une collecte portant sur les membres d’une structure LGBT+.

Un peu plus tard au croisement des rues des Granges et Moncey, le même uniforme se montrera bien moins enthousiaste face aux caméras. Alors qu’un individu visiblement éméché venait de coller un simple autocollant sur la voiture sérigraphiée, le chef s’est empressé d’arrêter l’indélicat. Poursuite, interpellation, coffrage, classique, jusqu’à que l’intéressé se rende compte que la scène était captée par notre journaliste. Lâchant immédiatement sa besogne quitte à perdre son prisonnier, le ponte s’est acharné à entraver y compris par la force le travail de notre journaliste.

Un comportement qui provoquera de vives réactions avec le reste de la foule, ainsi que l’envoi de renforts équipés. Mais la situation n’a pas dérapé, velléités et charges étant rapidement écartées ; il s’agit peut-être des leçons tirées de 2023, où la répression inouïe qui s’est abattue avait également provoqué des ripostes populaires particulièrement lourdes. Pour ce qui reste une atteinte aux libertés de la presse, une plainte sera toutefois déposée. Quant au propagandiste téméraire qui avait pu échapper un temps à son sort, il aurait été finalement rattrapé sur le quartier Battant.

 


Photographie d’entête : Racoon Pancho