Rendez-vous incontournable à Besançon, la manifestation contre les discriminations LGBT+ a compté entre 1 000 et 1 200 participant·e·s, dont beaucoup de jeunes. Un chiffre comparable à ceux des années précédentes, malgré une météo très défavorable. La journée est ainsi restée à la fois festive et militante, entre retrouvailles, stands, concerts, prises de parole, pancartes… Avec un accent particulier sur plusieurs thématiques, comme la question des droits des personnes trans, l’inclusion des travailleurs et travailleuses du sexe ou encore la convergence des soutiens à la Palestine.
Le départ était donné dans le parc de la Gare-d’Eau, où de nombreuses organisations du « collectif 17 mai » avaient pris leurs quartiers. Un ancrage physique permettant de présenter le travail réalisé, d’obtenir de l’information ou d’échanger des contacts. C’était par exemple le cas de « Aides » Franche-Comté, véritable institution dont les bénévoles ont pu expliquer leur rôle majeur, notamment quant à la prévention des risques. Cette année, l’association « Partage, Droit, Autonomie » (PDA) était également visible, celle-ci œuvrant spécifiquement sur les thématiques du travail du sexe.
Depuis leurs balcons, les habitant·e·s applaudissent massivement
Le ciel menaçant fut finalement la seule ombre au tableau, un orage brutal manquant d’interrompre purement et simplement la parade prévue. Mais à la faveur d’une accalmie, les troupes se sont mises en rang autour de plusieurs sound systems. Pendant près de trois heures ponctuées de chansons phares et de discours engagés, le trajet fut également émaillé de multiples démonstrations de sympathie… Simples passant·e·s, petit·e·s commerçant·e·s, riverains à leurs fenêtres, client·e·s en terrasse ou groupe de touristes n’ont pas hésité à multiplier les applaudissements et cris de ralliement.
Durant le trajet, quelques un·e·s s’aperçoivent que le drapeau arc-en-ciel avait été placé aux cotés des supports officiels français et européens. « C’est un geste de la Municipalité, qui fait plaisir. Cela montre une ouverture d’esprit de leur part, avec une Mairie de droite ça aurait été complètement impensable. Maintenant, on espère que les institutions continueront à faire le boulot pour nous faciliter la vie. En tout cas, on y veillera » souffle une sympathisante de « Nouvel Esprit. » Après trois heures de déambulation dans le vieux-centre de la capitale comtoise, la journée s’achève où elle a commencé : à la Gare-d’Eau.
Un combat toujours d’actualité ?
Olivier, la vingtaine, intérimaire, originaire du Jura, est venu avec son copain. Une évidence pour lui, qui souligne les réalités de l’homophobie : « Nous n’avons pas peur en tant que gays, mais il ne faut pas minimiser les risques. La haine contre nous pour ce que nous sommes, elle est palpable dans toutes les couches de la société. Ça part du petit con du bloc d’en face au tonton un peu réac, en passant par le gros facho de service. Je n’ai jamais été victime de ratonnades ou de guets-apens, mais entre les récits d’ami·e·s et les insultes que j’ai déjà essuyées, oui, je crois qu’il y a encore du chemin à faire. »
Un constat partagé par Monique, sensibilisée à travers sa fille qui vit désormais dans le sud. « J’ai plus de soixante ans, dans ma génération ce n’était pas vraiment une priorité. Mais on m’a fait comprendre que l’indifférence n’est pas davantage louable, surtout quand ses proches sont concerné·e·s. Il ne s’agit pas de se promener désormais avec un énorme étendard au quotidien, mais d’être à l’écoute et de soutenir quand c’est nécessaire. C’est pour cela qu’aujourd’hui je suis présente avec ardeur, car si on veut que les choses continuent de bouger dans le bon sens, on doit toutes et tous prendre notre part. »
« On souhaite que cette date demeure politique »
En tête de la mobilisation, un groupe plus modeste s’est légèrement détaché derrière une large banderole « les pédales contre le capital. » Pour elleux pas de division franche à l’horizon, mais la volonté de garder une date pleinement revendicative. « C’est important d’être dans un cadre grand public, ici on en est même ravi·e·s. Mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’abord de nos luttes, pour la plupart d’entre nous, c’est toujours du concret. On souhaite que cette date demeure politique, qu’elle ne se résume pas qu’à de la musique forte et du merchandising » indique un membre « d’Intransigeance. »
Autre moment de tension, la présence de trois activistes du « collectif Palestine. » « Que ce soit sur la cause ou le récit, aucun problème, en fait il y a unanimité sur le sujet. Par contre l’interlocutrice qui a été choisie, c’est un scandale. Ses propos et comportements jugés abolitionnistes, transphobes et anti-voile sont dénoncés depuis des mois. Leur coordination prétend représenter une vingtaine de signataires locaux, mais à chaque fois ce sont les mêmes qui monopolisent l’espace, comme déjà le 5 mai dernier. Ces gens problématiques n’ont rien à faire là, surtout dans ce contexte ! » dénonce un membre du staff.
Illustration d’en-tête : aperçu du cortège, place de la Révolution – TdP.