Entre les vignobles du terroir et la maison familiale de Louis Pasteur, ce samedi 25 mai avait lieu le premier festival « au cœur des luttes » dans le square Sarret de Grozon d’Arbois. Une rencontre lancée autour de multiples syndicats, collectifs, associations, pour se retrouver, échanger et résister ensemble contre l’air du temps. Stands, animations, assemblées, concerts, bouffes ont irrigué les quelque sept cents personnes comptabilisées sur environ douze heures.
À l’origine de cette journée, le constat d’une recrudescence des idées d’extrême-droite et réactionnaires dans la région. Un front uni s’est donc constitué pour tenter d’y apporter des réponses populaires et solidaires, autour d’une vingtaine de partenaires issus d’horizons larges. « La réussite et la richesse de cette date, c’est cela ; parvenir à mêler habilement art et politique, sérieux des débats et convivialité naturelle, droit du travail et questions LGBT+ » s’enthousiasme un bisontin de passage.
Et en effet, d’une table ronde sur les problématiques agricoles à la conférence gesticulée sur le parcours de résilience « fall and rise of Théo-dora » à propos des violences sexistes et sexuelles, en passant par les librairies fournies de l’Autodidacte ou de l’Infokiosque, sans oublier les repas végans et à prix libre résultant d’une collaboration avec un boulanger et une brasserie, le tout s’achevant par une scène musicale notamment punk/oï en soirée, les participant·e·s ne pouvaient qu’être unanimes.
Illustration avec la prestation de Christophe Chatelain, qui a livré son remarquable « JFB – Récit en quête d’humanité » pour le « Pudding théâtre. » À la fois metteur en scène et acteur de ce récit, on y découvre l’histoire poignante d’un instituteur rural brillant engagé dans la « Légion des volontaires français contre le bolchevisme » (LVF). Loin des présentations manichéennes et des jugements moraux, le public peut ainsi comprendre et admettre qu’un « homme ordinaire » ait pu basculer à ce point.
Autre moment apprécié, une agora concernant les avancées identitaires et discriminatoires dans le pays. Plus de quatre-vingts personnes ont pu ainsi exprimer leurs ressentis, analyses, pistes… Malgré, parfois, des sensibilités différentes ; ce fut le cas lorsque abstentionnistes libertaires et représentant·e·s de partis candidats aux prochaines européennes relevaient leurs nuances dans cette approche électorale, tout en concluant sur les retrouvailles communes pour les combats concrets.
Des routard·e·s historiques aux plus jeunes activistes, la demande était donc manifeste, mais la mission largement remplie. Pour les initiateurs et initiatrices, de quoi présager la mise en place d’une nouvelle édition. Si le Jura est souvent vu comme un territoire plutôt conservateur, force est ainsi de constater la multiplication et le succès d’une telle programmation ; de la seconde pride de Lons-le-Saunier le 29 juin au Festi’pol de Goux le 6 juillet, les rendez-vous à venir ne devraient pas manquer.