Responsable des 1 100 agent·e·s que compte le département du Doubs, le commissaire divisionnaire Yves Cellier semble également avisé en affaires. Le haut-gradé co-fondait le 29 juillet 2019 à Laval une Société Civile Immobilière (SCI), aux côtés d’un pédégé, d’un huissier, d’un notaire et d’un dentiste. Mais en se constituant officiellement, c’est un choix stupéfiant qui s’est imposé pour désigner la petite entreprise : la « SCI les chouffeurs. »
Notons pour les moins initié·e·s que le « chouf » est un terme argotique populaire, policier et médiatique, qui renvoie directement au monde du trafic de drogue ; le mot désignant en particulier une personne chargée de donner l’alerte à ses acolytes, notamment lors d’une descente des forces de l’ordre sur un point de deal. Une référence visiblement validée par le tribunal de commerce, malgré les dispositions relatives à « l’ordre public ou aux bonnes mœurs ».
Un goût du bon mot qui tranche avec le profil de l’intéressé : promotions, médailles et louanges avaient jusqu’ici accompagné ce « super-flic », connu pour manier la légèreté et la fantaisie avec prudence. Après vingt années au sein des plus prestigieux services du pays, Yves Cellier est arrivé le 29 mars 2021 à la tête de la Direction Départementale de la Sécurité Publique (DDSP) devenue Direction Interdépartementale de la Police (DIPN) au 1er janvier dernier.
Pas plus tard qu’en février, le nouveau DIPN narrait sa connaissance fine des « guetteurs » pour les caméras de TF1. Dans ces conditions, il lui est donc improbable d’ignorer le sens usuel d’une telle définition, a fortiori en étant placé comme le maillon central et intraitable dans la lutte contre les narcotiques. Avec six morts et en plein déploiement des Forces d’Action Républicaine (FAR) à Planoise, pas sûr que la référence amuse autant administrations et habitants.