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Jusqu’aux dernières heures avant le premier tour des élections législatives ce dimanche, le « Nouveau Front Populaire » (NFP) est en campagne pour tenter de convaincre les habitant·e·s de Planoise de se déplacer aux urnes. Le taux d’abstention y a été plus fort que dans d’autres parties de la ville comme l’hypercentre, c’est donc là que le bloc de gauche espère mobiliser les indécis·e·s. Après des échéances européennes modestes, les quartiers peuvent-ils vraiment créer la surprise ? Reportage.
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« Pourquoi cela ne vous intéresse pas ? Je ne sais pas »

Répartis en petits groupes de deux ou trois, les militant·e·s s’activent dans un secteur de Planoise moins populeux que la place Cassin ou l’avenue île de France. Dans ces rues, plutôt pavillonnaires et résidentielles, proche de la Polyclinique, les domiciles ne s’ouvrent pas à foison. Après plusieurs dizaines de minutes, une porte s’entrebâille. Les sympathisants du NFP se présentent, puis exposent leur arguments à *Boundaw. La mère de famille écoute avec attention, mais, lorsqu’on lui demande si elle est allée voter, elle répond tout simplement : « Oui, j’ai vu qu’il y avait des élections ».

Elle prend un tract, promet de le lire et de voter car « on peut changer les choses ». Pour les trois activistes pas le temps de s’attarder cependant, il faut parler au plus grand nombre possible. L’entrée suivante laisse apparaître un homme d’une trentaine d’années, qui ne permet pas aux recrues de  terminer. « Non, ça ne m’intéresse pas. Je n’ai pas voté la dernière fois, je ne me sentais pas concerné ». Silence unanime face à cette déclaration, qui à l’oreille du trio sonne comme un contre-sens démocratique… « Mais, pourquoi cela ne vous intéresse pas ? » – ce à quoi l’homme répond simplement : « Je ne sais pas ».

Entre vote utile et résignation

*Inès a voté blanc aux européennes, car elle ne se retrouvait dans aucun parti : « La politique ne m’intéresse pas. Mais avec ce qui se passe en ce moment, je commence à me dire que ma voix pourrait peut-être aider ». Un comportement civique par défaut qu’elle est prête à exercer, pour « éviter le pire, l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir ». Selon la jeune femme, son bulletin sera plus utile qu’un véritable vote d’adhésion à une ligne ou à un projet politique.

Laurent estime quant à lui « qu’on a pas de leçons à faire aux citoyen·ne·s. Je suis contre tous les extrêmes et je suis plutôt à gauche, mais si les français votent “Rassemblement National” c’est sûrement parce que les autres politiciens avant n’ont pas fait leur taf correctement ». L’ascension jusqu’à l’appartement de *Salima a été difficile. Sa voisine du dessous n’a pas bien reçu les militant·e·s, qui n’ont pu dérouler que quelques mots. Mais pour Salima, c’est différent : « Vous prêchez une convaincue ! Pour moi, il faut mettre du social en politique et aujourd’hui seul le “Nouveau Front Populaire” le fait vraiment », dit elle tout sourire

Juchés sur un banc, *Georgio et *Cédric assument de ne pas s’être rendus à l’isoloir : « Je ne me sens pas concerné… c’est trop éloigné, il y a rien qui va bouger si je vote » explique *Georgio.  L’influence des réseaux sociaux participe étonnement à ce sentiment d’impuissance, relate *Cédric : « Une voix ça ne change rien, internet influence trop. Si les gens sur Tik Tok veulent qu’un candidat passe, il passera et rien ne peut modifier ça ». Pour les différentes forces politiques, la mobilisation des quartiers populaires est plus risquée électoralement. Mais elle n’en est pas moins déterminante, bien des listes espérant rallier ce puissant vivier.

Sur la première circonscription du Doubs, sept candidat·e·s sont en lice pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024 :

  • Laurent Croizier (Majorité présidentielle – Mouvement Démocrate) ;

  • Séverine Veziès (Nouveau Front Populaire – la France Insoumise;

  • Thomas Lutz (Rassemblement National) ;

  • Nicole Friess (Lutte Ouvrière) ;

  • Alain Ruch (Nouveau Parti Anticapitaliste – Révolutionnaires) ;

  • Elisa Moré (Régions et Peuples Solidaires) ;

  • Marielle Pernin (Écologie au centre).

 


(*) Les prénoms ont été modifiés.

Illustration : organisation de militant·e·s du « Nouveau Front Populaire » pour un porte-à-porte, le dimanche 16 juin 2024 dans le quartier de Planoise.

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