Ielles étaient une soixantaine ce samedi après-midi place L. Pasteur, réuni·e·s pour rendre un dernier hommage à Géraldine. Une femme trans’, travailleuse du sexe et immigrée, assassinée à l’âge de trente ans, poignardée par un client, le 9 juillet dernier à Paris. Un acte qui s’ajoute au meurtre d’Angelina, femme également trans’ tuée par son compagnon le 5 juillet à Compiègne. D’énièmes crimes qui posent de réelles questions sociétales et politiques, selon les collectifs à l’initiative de cette mobilisation locale dont « BRIQ Fiertés Racisé·e·s », « Intransigeance » et « Partage, Droit, Autonomie ». Le climat de racisme et de xénophobie, l’offensive politique contre les droits LGBT+, ainsi que lois prohibitives comme celle de 2016 couplées aux positions abolitionnistes persistantes, ont été dénoncés. À l’instar de bien d’autres villes en France, où des rassemblements étaient organisés.
Quelques textes, lus par des participant·e·s
« Elles sont les soixante-dix et soixante-et-onzièmes féminicides, cette année en France. Dans les médias, ces meurtres sont relégués à de simples fait-divers, alors qu’ils font suite à une vague de violences accrue envers des personnes transgenres, TDS et/ou racisé·e·s. Ces nombreuses agressions, trop souvent passées sous silence, sont le résultat direct du climat xénophobe, putophobe et transphobe actuel, alimenté par ces mêmes médias qui n’hésitent pas à donner la parole à une extrême-droite de plus en plus décomplexée. Il a fallu que nos sœurs soient assassinée pour qu’enfin, on parle de ses violences. Mais comme souvent, les journalistes n’ont pas hésité à faire du sensationnalisme sur le dos des victimes, à les désigner comme de simples curiosités destinées à amuser la galerie. Même dans la mort, nos identités sont bafouées » esquissait notamment « Intransigeance ».
Ajoutant, ensuite : « Ce que nous voulons, ce sont des mesures pour que l’on ne soit plus obligé de transitionner sans risquer la précarité. Nous souhaitons aussi l’abolition de la mention de sexe à l’état-civil. Nous voulons que le traitement médiatique soit respectueux envers les victimes et envers nos communautés. Nous demandons également l’abolition des loi racistes telle que la loi asile et immigration, ainsi que la loi putophobe de 2016 criminalisant les clients des TDS. Ce sont ces lois qui mettent en danger nos adelphes, ce sont ces lois qui ont tué Géraldine. Si nous voulons être un mouvement fort et durable, nous devons nous réunir entre opprimées, nous écouter et lutter contre toutes formes d’oppressions d’où qu’elles viennent, même des partis et des syndicats locaux. Vous pouvez nous traiter de radicaux, mais nous préférons cela plutôt que de crever en silence ».
Pour PDA, une autre voix s’exprime encore : « Nous travailleuses et travailleurs du sexe, prostis, sommes quotidiennement confronté·e·s à la violence, chacun·e son tour avec évidemment des profils particulièrement exposés. Mais nous ne pensons pas que la violence soit inhérente a l’exercice du TDS. La violence existe partout où existe le patriarcat. Elles sont permises par un système et par un état qui méprise, infantilise, et hait les femmes, les personnes trans, LGBT, les handi·e·s, les personnes racisé·e·s, les TDS, les précaires… Un ou plusieurs de ces facteurs peuvent suffire à faire de nous des marginaux. Le TDS n’est jamais le sujet des préoccupations politiques et militantes. Au mieux on nous dit d’être patient·e·s. Combien de Géraldine ? Notre société est putophobe, mais les syndicats, les partis, les assos qui protègent les droits des autres le sont aussi ».