Comme désormais chaque mois de novembre à Besançon, une mobilisation était organisée dans le cadre de la « journée du souvenir trans » (Transgender Day of Remembrance, TDoR). Une date internationale et spécifique, visant à commémorer le souvenir des personnes transgenres assassinées en France et dans le monde. L’occasion, également, de faire le point sur l’ensemble des violences recensées, y compris sur le plan institutionnel. Sous l’égide des collectifs « Intransigeance », « Trans’Comté » et « Fierté racisé·e·s – BRIQ », une bonne centaine de participant·e·s se sont réuni·e·s hier après-midi place Louis Pasteur.
Loin du tapage des centrales militantes et des grands médias, l’évènement est pourtant aujourd’hui devenu incontournable. En effet, si la première édition locale avait attiré quelques dizaines de convives en 2022, cette année la société civile s’est plus largement engagée pour répondre présente à ce troisième « TDoR ». Une foule massée entre un chêne et les étals de la brocante, avec pancartes, drapeaux, banderoles, aux couleurs LGBT+. Les discours se sont enchainés, rappelant notamment que sur la seule année écoulée, ce sont au moins 419 personnes trans qui ont été tuées pour ce qu’elles sont. Un chiffre déjà effarant, mais qui serait sous-évalué.
Ces crimes se développent à la faveur d’un climat de haine, qui se généralise dans toutes les sociétés. Logiquement donc, les offensives politiques et législatives agissant en filigrane ont été également très commentées. Aux États-Unis autant qu’en France, on ne compte plus les prises de position, agitations littéraires ou propositions de lois qui entendent encadrer, réguler ou raisonner ce que certain·e·s voient toujours comme une anomalie. Une attitude qui n’est pas exclusive aux sphères les plus conservatrices, références dites de gauche et quotidiens régionaux n’hésitant pas à recourir encore au mépris, mégenrage et ostracisme y compris dans la capitale comtoise.
« Aujourd’hui, nous avons fait la démonstration qu’il était possible et même nécessaire de porter des revendications à la fois claires et partagées. Progressivement, un milieu radical et intersectionnel se détache à Besançon. Pour beaucoup d’entre nous, c’est une véritable bouffée d’oxygène » analyse un participant. Le rassemblement s’est achevé par la prestation d’une chorale, déterminée à donner de la voix pour que des chants révolutionnaires et relatifs à cette cause résonnent dans la cité. Avant une soirée d’échanges à la librairie-café « l’Interstice », lieu alternatif particulièrement apprécié pour permettre aux « adelphes et aux allié·e·s d’évoluer dans la sécurité et la bienveillance ».
Illustration d’en-tête : Aperçu de la mobilisation, lors des prises de parole.