Hier après-midi, deux rassemblements étaient organisés dans le cadre de la « journée internationale des droits de l’enfant ». Le premier sous l’égide de l’association « Solidarité Migrant·e·s/Réfugié·e·s » (SolMiRé), le deuxième via l’intersyndicale (CGT, FO, SUD/Solidaires, FSU, CFDT). À chaque fois esplanade des Droits Humains, pour des causes spécifiques mais complémentaires : La situation des « mineur·e·s non-accompagné·e·s » (MNA) d’une part, les coupes financières visant le secteur social et médico-social d’autre part.
Autour de 14h00, une centaine de personnes se massent. Dont une dizaine de jeunes, qui prennent le micro afin d’exprimer leurs difficultés. C’est le cas d’une voix anonyme, originaire d’une région anglophone d’Afrique et présente depuis plus d’un an dans la capitale comtoise. « Je suis arrivé ici, avec pour seul domicile le pont Battant. Grâce aux bénévoles, j’ai pu trouver une aide. Mais certains documents pourtant certifiés, comme le passeport, ont été rejetés par le département pour établir mon âge, donc dans l’attente d’un passage par un·e juge c’est l’inertie… »
À bientôt dix-huit ans, lui et ses compagnons d’infortune se désolent de ces années gâchées. « Pas de scolarisation ni de formation, ça veut dire aucune perspective d’intégration sur place. Or, nous voulons simplement apprendre, travailler, vivre, comme tout le monde. On a des parcours, des compétences, des rêves. Nous ne sommes pas des criminel·le·s, on demande une chance de faire nos preuves ». SolMiRé rappelant que la structure locale joue un rôle essentiel dans l’accueil et l’accompagnement de ce public largement ostracisé, nécessitant un soutien et des relais.
Slogans et chants ont permis de faire la transition, pour l’arrivée de représentant·e·s du secteur de la protection de l’enfance et plus largement du social et médico-social. Pascal Descamps (ADDSEA, CGT), David Guerret (AHS FC, CGT) et Lionel Chatelain (SDAS, FO) expliquant leurs craintes : « Dans notre région, l’AEMO [Action Éducative en Milieu Ouvert] ce sont déjà plus de cent enfants sur liste d’attente… C’est-à-dire des gamin·e·s en danger, mais qui ne peuvent pas obtenir la sécurité minimale prévue faute de moyens humains et financiers ! » développe le premier.
Le second abonde, tout aussi durement : « Dans le Doubs pour 2025, on part sur une baisse sèche de 500 000 à un million d’euros. Jusqu’à 20 % du budget qui disparaît, alors que tout va déjà si mal. Bien des secteurs vont être déficients, certains établissements pourraient fermer. En tapant sur les salarié·e·s, les bénéficiaires vont lourdement être impacté·e·s ». « La politique néolibérale du Gouvernement, ce sont des gosses qui en paient le prix ! » assène le troisième. Une mobilisation-test qui devrait d’ailleurs précéder d’autres dates d’ampleur, préviennent les référent·e·s.
Illustration d’en-tête : Aperçu du rassemblement SolMiRé, à 15h00.