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Ce vendredi, deux médias locaux relayaient les mésaventures de la cheffe du « Parti Socialiste » du Doubs. Placée en garde-à-vue entre Noël et Nouvel An, celle-ci était visée dans une affaire financière. Mais derrière l’affiche d’un « abus de confiance aggravé », une histoire de RIB volant pour un préjudice de quelques dizaines d’euros… Alors que le créneau pénal reste en suspens, plusieurs pontes n’ont pas attendu pour lâcher leur camarade. Si le procès en incompétence semble un minimum, fuites policières et traitement judiciaire apparaissent plus discutables.


Un préjudice d’environ 80€
Le 31 octobre, un septuagénaire pousse les portes du commissariat de Besançon pour dénoncer un « abus de confiance aggravé ». Il constate que depuis janvier 2024, son compte bancaire est prélevé pour le paiement d’une assurance habitation personnelle, dont il n’est pourtant en rien titulaire. Soit 10,04€ chaque mois, entrainant un préjudice total d’environ 80€. Membre du « Parti Socialiste », il connaît la bénéficiaire : Myriam El Yassa, sa première secrétaire fédérale. Une figure de la gauche réformiste, passée par le secrétariat national du PS et l’antenne comtoise de la LICRA.

Interpelée le 26 décembre, l’intéressée en est quitte pour neuf heures de geôles et d’interrogatoire. Elle expliquera qu’il s’agit d’une erreur, avec à la base une simple confusion entre des RIB. Considérant ses fonctions et les sommes en jeu, la suspicion d’une véritable escroquerie semble ténue. Mais immédiatement, l’histoire est narrée par « MaCommune.info » puis « France 3 ». Nombre de « camarades » en profitant pour régler leurs comptes, quand d’autres tentent des parallèles avec Alexandra Cordier – dont les indemnités litigieuses s’étalent sur six chiffres, cependant.

Au parquet de Besançon, un curieux sens du compromis
Caractère choquant mais peu commenté de cette affaire, la réponse apportée par l’autorité judiciaire afin de trancher de ce différend. Selon les mêmes médias, le parquet a effectivement offert à la mise en cause l’opportunité d’un « remboursement avant le 10 janvier [2025] » afin d’apprécier quelles suites seraient finalement données. Une mansuétude difficilement explicable, tant la masse des « justiciables lambdas » ne jouit pas d’autant d’égards – loin de là. À Besançon, serait-ce l’aveu d’une gêne quant aux charges et/ou d’un traitement spécifique pour les notables ?

Soit une infraction à la loi a bien été commise et la question des pleines poursuites ne doit pas se poser, quel que soit le nom de l’auteur/l’autrice ou la gravité des faits, ou alors le manquement reproché s’avère insuffisamment caractérisé et c’est la clôture du dossier, entraînant par extension le « blanchiment » total et définitif de l’accusée. En arrangeant ainsi une sorte d’arbitrage maison peu scrupuleux du code de procédure pénale, les magistrat·e·s concerné·e·s, comme toute l’institution, ne manqueront pas de se voir opposer des griefs en éventuelles compromis(sions).

Au royaume du BTP, une source policière bien calibrée
Relevées le lendemain de la garde à vue, les fuites policières peuvent ici interroger. Intrigues du dossier, contenu de l’audition, attitude du procureur, tout a été livré clé-en-main et presque en temps réel à « MaCommune.info ». La filiale de la « SMCI », une firme immobilière détenue par un proche de l’ancien maire Jean-Louis Fousseret, a pris le pari de doubler son principal concurrent, « l’Est Républicain », dans la catégorie « faits divers ». Avec, en conséquence, un flot de brèves estampillées « comicot de la Gare d’Eau », du vol de parfums aux accidents routiers.

Ces sources sont connues, certaines émanant de fonctionnaires nettement classés à l’extrême-droite. La matière qui en découle est tout aussi orientée, les cas visant une personnalité marquée « à gauche » étant dès lors ébruités à dessein. Au tabassage de deux personnes LGBT+ ou à l’armurerie d’un néonazi, les indic’ préféreront le sort d’un syndicaliste et d’un journaliste ou les soi-disants écarts de Myriam El Yassa. Un choix éditorial visiblement apprécié par la hiérarchie, qui ne bronche pas malgré des plaintes pour atteinte au secret de l’enquête et de l’instruction.



Illustration d’en-tête : Myriam El Yassa, première secrétaire fédérale du PS de Besançon.

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