Dans cette localité tranquille de la périphérie de Besançon, une haine larvée court depuis plusieurs mois entre deux clans rivaux. Mais pas de plaquettes de shit ni de go-fast dans ce cas, même si les armes ne sont pas très loin. Derrière cette histoire de cloche-merle, se dessine un conflit de chasseurs qui tend à lourdement dégénérer. Les désaccords sont ainsi passés à l’incompréhension, avant de virer à l’hostilité concrète. Multiplication des dépôts de plaintes, menaces répétées, carcasse de sanglier retrouvée devant un domicile, altercations physiques, incendie volontaire d’un véhicule… Un brouhaha inhabituel et inquiétant, dont les errements empruntent plus volontiers aux codes de la criminalité organisée que du simple conflit de voisinage.
La tension est telle qu’un responsable de la fédération départementale et protagoniste de l’affaire va jusqu’à en appeler à « l’Office Français de la Biodiversité » (OFB). Un organisme visant à la surveillance, la préservation, la gestion et la restauration de l’environnement, régulièrement sous le feu nourri du monde agricole et autres adeptes de gibiers. Alertés, services de l’état, justice et police en tête seraient, pour l’instant, restés dans la passivité. Sur place, les habitant·e·s interrogé·e·s craignent toutefois une escalade. « Ça va quand même loin, faut-il des blessé·e·s voire des mort·e·s pour qu’on rétablisse l’ordre ? » s’insurge une vieille dame, à la sortie d’une boulangerie. Le « système mafieux » qui sévit dans les villes se serait-il déplacé en ruralité ?
À la suite de tirs visant des commerces (vides), les gros moyens avaient en effet été déployés dans la capitale comtoise ; Mamirolle, nouvelle cité émeutière, va-t-elle aussi voir le déploiement de « CRS » ? Mais pour les pouvoirs publics, les corporations et les banditismes ne se valent pas. Une certaine presse, qui fait ses choux gras des quartiers prioritaires, suit la même ligne, nous évitant, on ne s’en porte pas plus mal, les titres tapageurs du style « vaudeville chez les bouseux ». Sur les réseaux sociaux, pas davantage de réactions massives d’anonymes pour stigmatiser une population scélérate et méprisable. Comme quoi, quand on veut, y compris sur des faits-divers graves et récurrents, il reste possible d’avoir de la mesure et du discernement.
Illustration d’en-tête : Chasse départementale en forêt de Pinceloup – Nicolas Duprey – CD 78/CC BY-ND 2.0.