Quatre jours après l’arrestation d’un disc-jockey accusé de viols en marge d’un show-case à Besançon, la communication de « la Première » à Pontarlier suscite la contestation. Le 21 février prochain, l’établissement a en effet programmé la tenue d’une soirée « Tanaland ». Diffusé sur les réseaux sociaux, le visuel destiné à promouvoir l’évènement a viré au bad buzz sur « Instagram ». Car à l’origine, le néologisme s’avère être une insulte à destination des femmes et minorités de genre jugées « trop libres », valant à des centaines d’entre elleux de subir un cyberharcèlement massif. Le concept fut ensuite repris par les intéressé·e·s, tentative de retourner des codes déjà vue par exemple avec le concept de « queer ».
Mais, ainsi que le précise l’association « Nous Toustes », cette réappropriation est très mal perçue. «Tanaland, c’est un univers exclusivement conçu par et pour les concernées. On s’y retrouve qu’entre nous, loin des violences sexistes et sexuelles [VSS]. Cette entreprise, qui au passage ne s’est jamais impliquée dans les luttes féministes, détourne ce cri de ralliement pour son business, en proposant une date en totale mixité. Définitivement, c’est raté et scandaleux ». Reste que pour ses militant·e·s, le plus grave est le nom de l’invité principal. « Adrien Laurent a fait de la misogynie un fonds de commerce, plus personne n’ignore ses casseroles, à l’occasion de ses venues, justement, dans des discothèques » indique l’une d’elles.
Plus gênant, le tiktoker fait actuellement l’objet d’une enquête pénale depuis le 20 mars 2024 pour des viols aggravés présumés. Une actualité judiciaire lourde, qui fait écho à un second passif repéré par nos soins. Le 7 mars prochain, l’adresse produit ainsi une « soirée techno » avec un hôte cette fois définitivement condamné pour violences conjugales selon nos informations. « La veille du 8 mars [journée internationale des droits des femmes et des minorités de genre], c’est la grande classe. Via un article promotionnel datant de quelques mois, le patron disait vouloir se réinventer. Nous sommes en 2025 ; dans le Haut-Doubs aussi il faudrait évoluer sur certains sujets ! » s’indigne une observatrice de la région.
« À ce stade, il n’y a pas d’affaire »
Contacté ce jour, le gérant de « la Première » ne compte par revoir sa tête d’affiche. Pour Marc Vernier, la présomption d’innocence s’applique concernant Adrien Laurent : « C’est un influenceur et acteur porno qui tourne dans toute la France, je ne sais pas pourquoi d’un coup on me demande des comptes. Je suis au courant de ses affaires, mais à ma connaissance elles sont toujours en examen. Dès lors qu’il n’a pas été reconnu coupable par une juridiction, il ne m’appartient pas de me substituer aux magistrats. Si un tribunal le condamnait avant cet évènement, je verrais les choses différemment. Mais à ce stade, il n’y a donc pas d’affaire, si des associations veulent faire le buzz, ça les regarde ».
À propos du DJ recruté le 7 mars, notre interlocuteur dit en revanche découvrir le cas : « Je n’étais pas au courant, je vais donc me renseigner. Mais si c’était confirmé, il serait remercié. Avec moi, c’est clair ! ». Le tenancier rappelle aussi son engagement contre les VSS, à travers l’adoption d’une charte et la mise en place d’opercules. « Je suis là depuis sept ans, il n’y a jamais eu de problèmes. Avec mes équipes, notre priorité est d’assurer la sécurité de chacun. Défendre le féminisme est louable, je ne vais pas remettre en cause la légitimité de bien des revendications. Mais il faudrait aussi voir sur place ce qu’il se passe vraiment, plutôt que de créer artificiellement des problèmes qui desservent la cause ».
Illustration d’en-tête : Boite de nuit « la Première » à Pontarlier, illustration – Capture d’écran « Facebook » – « la Première ».