Ce jeudi à la MSHE-Mégevand, la demande était très forte pour assister à la conférence donnée par l’historien Johann Chapoutot. Une soirée organisée par le « Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon », qui propose un évènement du genre chaque mois. Aujourd’hui, les quelque 150 places disponibles ont immédiatement trouvé preneurs/preneuses, laissant au moins autant de monde sur le carreau. Seul·e·s les plus chanceux/chanceuses ont donc pu profiter d’environ deux heures d’explications sur la montée de l’extrême droite allemande en 1932-1933, avec un récit certes pointu, mais particulièrement haletant.
Reprenant les bases solides de son livre « Les irresponsables, qui a porté Hitler au pouvoir ? », le professeur d’histoire contemporaine et spécialiste du nazisme a longuement évoqué les mécanismes qui ont permis au « NSDAP » de s’emparer du pouvoir. Le rôle des élites économiques et politiques des années 1920 et 1930 fut ainsi particulièrement interrogé, leurs décisions étant véritablement au centre de cet avènement : « Il n’y a pas de montée inexorable, cette journée du 30 avril 1933, tout aurait pu basculer jusqu’à la dernière minute. Ce qui a rendu cela possible, c’est la compromission et la médiocrité d’un certain nombre d’acteurs ».
Entre un libéralisme autoritaire et un nationalisme total, les monstres à la croix gammée ne sont ainsi pas sortis de nulle part. Si la maîtrise des archives est impeccable, les échos au présent sont aussi réguliers. Certaines ressemblances actuelles n’ont donc pas manqué d’être abordées, souvent avec humour, notamment à travers l’inertie et la brutalité d’une présidence Macron, associée à l’explosion des forces réactionnaires. « Comparaison n’est pas raison, mais les similarités sont parfois bien là. Moi-même, je manie le retour de la peste brune avec précaution. Comme d’autres, je préfère plutôt parler de récidive » a toutefois expliqué l’auteur.
Son ouvrage, disponible via un stand de la librairie « l’Intranquille », a ensuite été signé, à travers une séance de dédicaces, massivement fréquentée. Johann Chapoutot aura ensuite l’opportunité de découvrir plus intimement la capitale comtoise, en particulier sa citadelle et les espaces mémoriels qu’elle abrite. « Je n’ai pas encore eu le plaisir de visiter ce célèbre Musée de la Résistance et de la Déportation, ça sera fait dans les prochains jours. Des lieux de cette qualité, il n’y en a pas tant que ça en France et en Europe. C’est aussi ce qui fait la spécificité et la richesse de cette ville, vous ne pouvez qu’en être fier-e-s » nous a t-il déclaré en conclusion.
Illustration d’en-tête : Aperçu de la conférence, avec Johann Chapoutot à la tribune.