Depuis la rentrée 2024, la Maison des Sciences Humaines et Environnementales (MSHE) Claude-Nicolas Ledoux de Besançon propose un cycle de conférences intitulé « Questions d’éducation », au cours duquel sont particulièrement mobilisées les sciences cognitives. Un format à la fois accessible et rigoureux.
Un public privilégié
Si le public de la ville connaissait déjà depuis 2017 le format « les jeudis de la MSHE » à la programmation scientifique plutôt éclectique, il aura découvert depuis octobre dernier ce nouveau cycle, à la thématique plus resserrée. Les conférences, gratuites et sans inscription, sont ouvertes à toustes, mais les organisatrices ont souhaité les rendre accessibles à un groupe en particulier : les parents. C’est la raison pour laquelle, en parallèle du rendez-vous pour adultes dans le grand amphi de la MSHE à 18h00, un atelier interactif est également mis en place pour les 6-12 ans dans la salle d’en face. Au menu, fonctionnement du cerveau, mémoire ou encore coopération, animé par Augustine Naudion, doctorante, Dorothée Fortier, enseignante, et Anaïs Racca, professeure des écoles et post-doctorante en sciences cognitives, co-organisatrice des événements. « On ne voulait pas d’un atelier qui soit une simple garderie, tout l’intérêt était de proposer aux enfants un contenu ludique lié aux conférences, avec un vocabulaire adapté, afin de favoriser l’échange avec les parents à la fin de la soirée » détaille-t-elle.
Un choix fort et un pari gagnant puisque cet atelier, sur inscription cette fois (20 places maximum), affiche généralement complet à chaque conférence et permet à des parents d’assister aux soirées pour lesquelles iels n’auraient peut-être pas pu se libérer autrement.
Des expert·e·s de leurs domaines
Côté adultes, la programmation balaie nombre de sujets en rapport à la cognition et aux apprentissages ; de l’impact des écrans sur les cerveaux des enfants, animé par Grégoire Borst, à la dyslexie, présenté par Lucie Broc, en passant par le démêlage des conseils contradictoires donnés aux parents, par Erik Gustafsson. Si les recherches en sciences cognitives, fil rouge de ce cycle, sont bien entendu largement mises à l’honneur, la pluridisciplinarité est également un maître mot, puisque des disciplines comme la sociologie, les sciences de l’éducation ou l’orthophonie permettent d’éclairer conjointement telle ou telle problématique. Ainsi a-t-on pu apprendre que le facteur le plus déterminant dans l’aisance scolaire n’est pas le « câblage » du cerveau, mais bien la catégorie socio-professionnelle des parents, ou que même si les sciences cognitives étudient les différents troubles dys, un accompagnement adapté, mené par des orthophonistes, psychomotricien·ne·s et psychologues, à la maison ou à l’école, est indispensable pour permettre aux enfants de surmonter les obstacles liés à ceux-ci. « Nos domaines d’étude permettent de donner des clés de compréhension sur un certain nombre de ces sujets, mais la recherche est parfois difficile d’accès pour le grand public. Face à ce constat, nous proposons des conférences accessibles, présentées par des scientifiques expert·e·s du domaine, à Besançon et dans la francophonie » précise Marie Mazerolle, professeure des universités à l’INSPE et seconde co-organisatrice des conférences-ateliers.
Un format reconduit jusqu’en 2026
Ce projet baptisé SCAPS (Sciences Cognitives Avec et Pour la Société) et financé par l’ANR (Agence Nationale de la Recherche) doit s’étaler sur deux ans. Il se déploie également lors d’événements bien connus des amateurices de sciences, comme la Nuit de Chercheurs ou la Fête de la science. Quatre conférences ont déjà eu lieu depuis octobre, et quatre autres sont prévues jusqu’en juin. Rémi Dorgnier, fraîchement doctorisé de l’Université de Besançon, animera ce mardi 11 mars la prochaine rencontre, dédiée aux mythes et aux croyances autour du cerveau. Elle sera suivie, comme à chaque fois, d’une séance de questions posées par le public. « Pour nous scientifiques, c’est un temps très précieux de pouvoir échanger avec l’assistance, de passer directement nos apports théoriques en répondant très exactement aux interrogations du public », abonde le jeune chercheur. « On a parfois des parents ou des enseignant·e·s qui nous disent “ah, ça on le fait déjà !” et qui sont bien contents de connaître les mécanismes derrière leurs pratiques empiriques. »
Une relation gagnant-gagnant entre le « terrain » et le « labo » donc, qui se poursuivra à la rentrée 2025 du côté de Lons-le-Saunier dans le Jura, avec un format encore à déterminer. « Mais on aimerait également pouvoir continuer à Besançon, c’est intéressant de multiplier les lieux d’échange », assure Anaïs Racca.
Toutes les dates, infos pratiques et inscriptions aux ateliers sont à retrouver sur le site du cycle de conférences.