Samedi 22 mars à la Malcombe, 09h30. Alors que jusqu’à 4 000 sapeurs-pompiers/sapeuses-pompières sont attendu·e·s pour un « cross national », trois militant·e·s s’installent sur une butte isolée avenue François Mitterrand. Une banderole est déployée, afin de dénoncer le bilan du « SDIS » quant au taux de suicides dans la profession. Plusieurs agent·e·s de police arrivent au bout de quelques minutes, constatant l’action paisible en cours, sans l’interrompre. C’est au moment de partir, juste avant 10h00, que le trio est finalement interpellé, après que les intéressé·e·s ont coupé leurs habituels « lives » sur le réseau social « Facebook ». Le réflexe numérique n’en sera pas moins tenace, toute la scène ayant été captée et retransmise en temps réel.

Les compères sont donc placé·e·s en garde à vue et interrogé·e·s, au motif officiel de « organisation d’une manifestation non-déclarée » (article 431-9 du code pénal). Presque une routine pour Frédéric Vuillaume, membre du syndicat « Force Ouvrière » (FO) et gilet jaune historique, qui avait déjà vécu l’exacte même expérience à l’occasion d’une visite ministérielle six jours plus tôt. Quant aux deux autres protagonistes, cet embastillement est encore plus difficile à vivre ; « Dylette », âgée, y passant pour la première fois, quand Denis Braye, pompier professionnel en conflit avec sa direction, a dû être hospitalisé, son état de santé étant jugé incompatible. Après sept heures de privation de liberté, les protestataires sont relâché·e·s… Sans poursuites, à ce stade.

« Nous avons été brutalement arrêté·e·s sans le moindre fondement, empêché·e·s de rejoindre ensuite le rond-point de Chalezeule puis la marche contre le racisme. La liberté d’expression est un droit constitutionnel, ce qui se passe est une dérive fascisante. À moins d’admettre que demain tout le monde ne termine en prison pour un oui ou un non, on ne doit pas passer sous silence ce genre d’atteintes. Il ne s’agit pas de mes camarades ou moi, mais de défendre des principes cardinaux qui s’appliquent à tous/toutes. Je continuerai à lutter quoi qu’il arrive, on ne me fera pas taire ! » tâcle Fred. Lequel a aussi rendez-vous au tribunal de police de Montbéliard le 27 mars prochain, suite à une amende contestée pour des slogans scandés lors du passage d’Aurore Bergé le 28 avril 2023.


Illustration d’en-tête : Le samedi 22 mars à la Malcombe, c’est cette banderole qui a été déployée par trois militant·e·s – archive Frédéric Vuillaume, rond-point de Chalezeule le 10 mai 2024.

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