Révélé au grand public à l’occasion de son premier mandat électif, Hasni Alem s’est rapidement imposé comme une figure émergente de la gauche et de la majorité. Mais pour le jeune conseiller municipal de Besançon, cet engagement ne se détache jamais d’un ancrage territorial fort. C’est donc en toute logique qu’il est devenu adjoint aux quartiers de Palente/Orchamps/Clairs-Soleils/Vareilles, où il a passé une grande partie de sa vie. Globalement satisfait du travail engagé sur ce secteur, il entend poursuivre au-delà des prochaines échéances de 2026. Origines, parcours, bilan, ambitions, doutes… Une personnalité singulière de la vie politique, que nous passons en revue pour notre portrait du mois.
Né en 1995 dans la région d’Oran en Algérie, Hasni Alem et sa famille gagnent la capitale comtoise alors qu’il a trois ans. C’est aux Orchamps qu’il grandit, quartier qu’il ne quittera qu’à la vingtaine passée pour Montrapon. « J’ai vécu toute mon enfance et mon adolescence ici, scolarisé à l’école Jean Zay, au collège Proudhon puis au lycée Pergaud. Je connais donc bien ce secteur, que j’affectionne particulièrement » expose-t-il. Un bac ES en 2013, une prépa ENS, puis la fac d’histoire, où il décroche une licence ; obtenant sa quatrième année d’études, il ne pourra toutefois achever son master faute de moyens. Mais grâce à ce bagage et un concours, le jeune homme rejoint l’éducation nationale où il officie désormais comme professeur en Bourgogne.
C’est autour de seize ans qu’Hasni Alem découvre le militantisme, à travers un meilleur ami engagé dans le parti de Pierre Laurent. « J’ai d’abord été sensible grâce aux luttes contre le racisme, puis je me suis intéressé à des sujets plus vastes comme les questions coloniales et de classe. J’ai investi les instances communistes, y trouvant des réponses tant en analyses de la société que comme projet d’avenir. J’ai été secrétaire des Jeunes Communistes (JC), puis de la section locale du Parti Communiste Français (PCF) ». Le syndicalisme n’est pas en reste, ayant participé à la création de la « CGT salarié·e·s/étudiant·e·s » : « Aujourd’hui, cette entité semble une évidence, mais cette initiative était un ovni à l’époque. Il a donc fallu convaincre, mais le pari a été réussi ! »
Avec la composition d’une liste de gauche élargie pour les municipales de 2020, il est appelé à de nouvelles responsabilités. « Après l’ère [Jean-Louis] Fousseret, il y avait une volonté de renouvellement, tenant compte de la parité et de la jeunesse… Sur six élu·e·s PCF, cinq faisaient ainsi leur apparition. Dont moi » précise-t-il. Depuis, il s’active à améliorer la vie des habitant·e·s du bloc nord-est de la ville. « Ma mission, c’est de trouver des solutions aux problèmes concrets du quotidien. La réhabilitation de la place des Tilleuls, la réouverture de l’agence Loge.GBM rue de Chalezeule, l’offre notable à la médiathèque Aimé Césaire, j’en suis assez fier. Le retour d’un commerce de proximité aux Clairs-Soleils était aussi très attendu, c’est également huit emplois, dont six sur place ».
Néanmoins lucide sur les limites de son action, Hasni Alem considère que beaucoup reste à faire : « L’isolement de certains faubourgs ou la sécurisation du boulevard, ce sont quelques exemples. La sécurité reste également une priorité, quelques-un·e·s parlent beaucoup de Planoise, mais les problèmes sont partout. Globalement, je crois ne pas avoir à rougir de ce que j’ai accompli. Ce n’est pas grandiose ou tapageur, mais quand je croise la population, les retours que j’ai à mon niveau sont assez corrects. Alors, poursuivre au-delà de 2026, oui je le souhaite ! Il faudra discuter des conditions, du programme, des partenaires… Car mes camarades et moi, on ne rempilera pas à n’importe quel prix. Je le scande, nos valeurs sont plus fortes que nos postes ».
Un leitmotiv implacable, qui demeure néanmoins en faveur d’une union étendue dès le premier tour. « Il faudrait une proposition qui soit la plus commune, si nous voulons que Besançon reste une cité d’ouverture et de progrès. Le risque d’une droite extrême ou d’une extrême droite, il est quand même palpable. Un racisme décomplexé fait jour, pas seulement dans le monde rural. Moi-même, j’ai été l’objet de campagnes haineuses. Mais c’est aussi à nous de nous remettre en question, de proposer une alternative crédible et des perspectives enviables. Le prolétariat n’a pas disparu, loin de là. Sous des formes nouvelles, il s’incarne dans énormément de monde. Cette donnée doit revenir au centre, en considérant aussi les revendications intersectionnelles qui émergent ».
Illustration d’en-tête : Hasni Alem (à gauche) mobilisé contre la réforme des retraites, le 22 janvier 2023 place des Tilleuls.