Hier lundi 25 mars, les petites mains de la protection de l’enfance étaient mobilisées. Après un rassemblement à midi esplanade des Droits Humains, ce sont près de deux cents personnes qui ont gagné le Conseil Départemental du Doubs. En ligne de mire, la séance de 14h30, qui devait valider les financements à venir. Sur place, le cortège a été accueilli par un important dispositif policier. « On demande des moyens pour les gosses, on est reçu·e·s avec des matraques. Symboliquement, tout est dit » lâche un observateur. Les éducateurs et éducatrices de rue étaient naturellement en première ligne, un tiers de leurs postes étant en jeu.


Salarié·e·s de l’ADDSEA et membres de l’intersyndicale (CGT, FO, SUD/Solidaires, CFDT) donnaient aussi beaucoup de voix, pour « sauver cette mission essentielle, dont la disparition impacterait le public le plus fragile dans des quartiers en difficultés ». Élu·e·s et représentant·e·s étaient également présent·e·s, à l’image de Johnny Herbin (directeur de l’Association Nationale de Prévention Spécialisée), d’Anthony Poulain (adjoint municipal Les Écologistes de Besançon), de Séverine Véziès (coordination nationale de La France Insoumise), de Florent Cholley et José Avillès (secrétaires CGT de Besançon et du Doubs), ou encore de Nicole Henry-Muster (conseil citoyen de Planoise).

L’opposition départementale fut aussi de la partie, accompagnant le défilé jusqu’à sa destination : Christine Coren-Gasperoni, Claude Dallavalle, Monique Choux, Aly Yugo, Jeanne Henry, Raphaël Krucien… Une implication appréciée par les participant·e·s, mais qui espéraient surtout un bouleversement au moment des votes. Le groupe « le Doubs social, écologique et solidaire » a ainsi lancé un amendement, dénonçant une majorité qui « préfère s’arroger une compétence facultative de saupoudrage économique en distribuant des aides au bénéfice de quelques entreprises, plutôt que de se centrer sur le cœur de ses missions et de ses compétences obligatoires ».

« Comment Madame Bouquin et ses équipes peuvent-elle justifier le versement de 50.000 € à un gros affineur de comté pour accroître sa capacité de stockage de 30.000 meules ? De 14.500 € à la SCI d’un agent immobilier de Morteau pour l’aider à acheter son local ? De 50.000 € à une fruitière qui collecte 2.9 M€ de litres de lait par an ? De 47.500 € à une entreprise dentaire pour la création d’un cabinet, dans ce cas aussi, via une SCI ? De 50.000 € à une entreprise sous-traitante de l’industrie du luxe qui génère un chiffre d’affaires de 25M€ et qui a rendu millionnaire son actionnaire unique ? » exposait-il encore hier, à travers un communiqué incisif et des prises de parole.

Argumentaire qui ne suffira toutefois pas, la présidente LR alléguant une « contrainte » due aux baisses budgétaires de l’État. Pour celle qui considérait avoir réussi un « coup de pression » le 15 novembre face à Michel Barnier, le maitre-mot semble être désormais « ajustements ». Ludovic Fagaut, qui entend être le prochain maire de Besançon, d’habitude prolixe sur les écrans, reste silencieux. Pour les protestataires, qui écoutent les débats sur leurs mobiles, l’amertume est palpable. « C’est acté, la prévention spécialisée vient d’être sacrifiée » s’emporte une référente. Prochain rendez-vous mardi 1er avril à 14h00 devant l’ARS, lors d’une grève et manifestation du secteur social.

Illustration d’en-tête : Aperçu du cortège, au niveau de Chamars.

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