Ce dimanche 6 avril à Paris, le « Rassemblement National » (RN) entendait réaliser une véritable démonstration de force. Alors que le parti et vingt-quatre de ses cadres ou petites mains viennent d’être notamment condamné·e·s pour d’importants « détournements de fonds publics », plusieurs prévenu·e·s, dont Marine le Pen, se sont vu également infliger une peine complémentaire d’inéligibilité avec application immédiate. Contre ce qu’elle considère comme une « exécution de la démocratie », toute l’extrême droite appelait ainsi l’ensemble de ses partisan·e·s à se soulever. Malgré le battage médiatique, l’opération s’est muée en fiasco, le parti mobilisant péniblement quelques milliers de personnes, quand la contre-manifestation de gauche en comptait plus de 15 000.

En vue de cette date mémorable, les ouailles frontistes de la région n’avaient pourtant pas ménagé leur propagande. Ni leurs éléments de langage, dénonçant « une décision politico-judiciaire scandaleuse », un « vol de l’élection présidentielle » et la « dictature des juges ». Aux publications incendiaires sur les réseaux sociaux, se sont ajoutés la campagne de mailing auprès des adhérent·e·s, la multiplication des conférences de presse, l’organisation de tractages sur les marchés de Vesoul et de Luxeuil-les-Bains, la location d’autobus en partance de Besançon et Belfort… Mais derrière la belle synergie populaire promise, c’est surtout l’agonie d’un clan qui fait jour en Franche-Comté. Toute cette agitation n’ayant finalement excité que quelques responsables, élu·e·s et leurs proches.

À commencer par les parlementaires en poste, en Haute-Saône (Antoine Villedieu, Émeric Salmon), dans le Doubs (Géraldine Grangier, Matthieu Bloch) et le Territoire de Belfort (Guillaume Bigot). À leurs côtés, un ancien maire rural (Jacques Ricciardetti), des membres du conseil régional (Thomas Lutz, Valérie Graby) ou des référent·e·s jeunesse (Maxime Callois, Aurélie Géhant, Anaïs Vial, Quentin Dechaux). À longueur de plateaux et de programmes, ces notables et représentant·e·s étaient pourtant, jusqu’ici, habitué·e·s à assener durcissement inouï des lois, application intraitable des châtiments et exigence d’un respect fort de l’autorité. Un argumentaire plus qu’un principe, cette fermeté ultra-sécuritaire s’évanouissant quand les copain·e·s sont pris·e·s la main dans le pot de confiture.

Mise à jour du lundi 7 avril à 15h45 et 17h00. Concernant les manifestations parisiennes de ce dimanche, une bataille de chiffres s’est opérée entre organisations, préfecture et médias… Mais selon un décompte de la police repris par « France-TV.info », il y aurait eut finalement environ 7 000 participant·e·s au meeting de Marine le Pen et quelques 5 000 au rassemblement de la gauche. Aussi, chez les soutiens comtois·e·s identifié·e·s, au-delà des pontes du « Rassemblement National », d’autres noms sont depuis apparus, parfois nettement ancrés à l’extrême-droite, comme celui de Yona Faedda, militante du groupuscule identitaire « Némésis », ou de Cyprien Roubaty, proche de la formation néonazie « Vandal Besak » et de feu les « Ratons Nationalistes ».

Illustration d’en-tête : Pose de militant·e·s comtois·e·s du « Rassemblement National » sur une aire d’autoroute, en partance pour le meeting de Paris – capture d’écran « Facebook » du « Rassemblement National du Doubs ».

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