David (*) est un jeune autiste sévère de tout juste dix-huit ans, membre d’une famille du voyage installée à Temis. L’après-midi du 27 mai il quitte le terrain de sport du quartier pour gagner son domicile, mais sur son trajet il s’aperçoit qu’il est suivi par des motos. À leur bord plusieurs hommes, habillés en noir, le visage dissimulé, se rapprochent. Paniqué, il prend la fuite. Il est rapidement rattrapé, interpelé et menotté. Derrière les cagoules se cachaient des policiers. Les proches du gamin voient la scène et interviennent, l’une prenant des vidéos.
À l’origine de cet assaut spectaculaire, une affaire bien banale. La veille deux bambins de quatre et cinq ans jouaient au football non loin, et auraient cassé la vitre d’un bus. Une plainte est traitée dans la foulée, menant une quinzaine d’uniformes à être mobilisés sur ce coup. Accompagnateur et cousin des protagonistes, David (*) avait également été mis en cause. À tort, finiront par reconnaître les fins limiers qui avaient mis la main dessus. Quant aux véritables responsables de ces dommages, il ne seront pas davantage emmenés au poste, compte-tenu de leur âge.
Un épisode particulièrement mal vécu dans la communauté, ainsi que le dénonce Rémy Vienot de l’association Espoir et Fraternité Tsiganes : « Je connais ce foyer et ce gosse, il n’y avait aucune nécessité d’agir ainsi. Nous sommes particulièrement choqué·e·s par ce traitement ; aurait-on procédé de la même sorte pour les fils d’un·e médecin, d’un·e magistrat·e ou d’un·e journaliste ? Les citoyen·ne·s nomades doivent être considéré·e·s et respecté·e·s, comme tout le monde ! Si un bambin fait une bêtise on règle les choses bien sûr, mais avec des méthodes réfléchies et mesurées. »
(*) Le prénom a été modifié.
Illustration : capture d’écran, vidéo originale des faits.