Si à Besançon la gauche l’emporte largement surtout dans les quartiers populaires, en proche ruralité ce ne sont pas moins de 124 localités qui ont placé de manière inédite l’extrême-droite en tête. Entre-deux, la Macronie résiste tant bien que mal, réalisant ses meilleurs scores sur les secteurs péri-urbains. Avec une moyenne de 71,74% de votant·e·s pour les subdivisions liées à la capitale comtoise, il s’agit également du plus important taux de participation depuis plus de quarante ans, avec le scrutin de 1981. La perspective d’une triangulaire entre les trois grands blocs semble assurée concernant la première circonscription, les résultats modestes du candidat Ensemble pourraient aboutir à son retrait donnant un duel entre le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement National quant à la seconde. Comme pour le reste du pays, les équilibres politiques et sociaux apparaissent bien en évolution aussi au niveau local.
Sur la première circonscription du Doubs, à peine 1 211 bulletins les séparent. Si le sortant Laurent Croizier (Majorité présidentielle, « Mouvement Démocrate ») rafle la pole position avec 17 475 voix soit 33,52 %, il est suivi de près par Séverine Véziès (Nouveau Front Populaire, « la France Insoumise ») à 16 555 voix soit 31,76 % et Thomas Lutz (« Rassemblement National ») à 16 264 voix soit 31,20 %. Un écart serré, d’autant plus que le possible report des trois autres listes maintenant éliminées est minime ; le candidat macroniste devrait ainsi tout juste pouvoir compter sur « l’écologie au centre » (923 voix, soit 1,77%), quand la gauche pourrait avoir une reprise au moins partielle de « Lutte ouvrière » (780 voix, soit 1,50%) et du NPA-Révolutionnaires (133 voix, soit 0,26%). Dans ce qui s’annonce désormais clairement comme une triangulaire, le ralliement des ultimes abstentionnistes et le poids d’un choix utilitariste pourraient donc bien faire la différence.
La configuration est différente dans la deuxième, un leadership se dégageant plus nettement. Ainsi, Dominique Voynet (Nouveau Front Populaire, « Europe-Écologie/les Verts ») dispose d’une avance confortable avec 19 160 voix soit 34,16 %, Eric Fusis (« Rassemblement National ») étant second avec 16 895 voix soit 30,12 % et Benoît Vuillemin (Majorité présidentielle, « Ensemble ») troisième avec 15 026 voix soit 26,79 %. Le maire de Saône avait pris la succession d’Éric Alauzet, mais n’a donc pas visiblement convaincu ; sa présence au second tour est ainsi gagnée, mais la pertinence d’un maintien fait encore l’objet d’une réflexion. Cette fois les chiffres restants sont davantage susceptibles de peser un peu dans la balance, entre « Lutte Ouvrière » (788 voix, soit 1,41%) et surtout « les Républicains » (4 215 voix, soit 7,52%) ; mais comme l’a révélée la crise engagée à droite avec Éric Ciotti, ce dernier électorat tiraillé entre deux fronts risque d’éclater.
Une opposition entre ville et campagnes
Les données relatives à Besançon étaient très attendues, après le séisme d’un Jordan Bardella victorieux aux élections européennes. Séverine Véziès (NFP/LFI) y obtient une moyenne notable de 43,15%, raflant l’ensemble de Battant (avec plus de 67 % des voix) et de Planoise (entre 36,70 et 60,20%) ; Dominique Voynet (NFP/EÉLV) affiche 45,89% et se place en tête dans 100% des cas, avec des scores de 50% ou plus dans neuf bureaux principalement du centre. Laurent Croizier (Ens/MoDem) est à 29,83 %, en courte tête à Velotte (37,12%) et Fontaine-Écu (33,96% à 42,03 %) ; Benoît Vuillemin (Ens) ne fait pas mieux que 25,78%, étant un peu au-delà de 30% sur seulement cinq sites. Thomas Lutz (RN) obtient enfin 23,04 %, son approbation la plus large étant à Saint-Ferjeux où se situe le seul point de la ville qui l’a placé en première place (avec 35,22%) ; quant à Éric Fusis (RN), il culmine à 20,94% en ne dépassant les 30% qu’au centre administratif (30,68%) et à Saint-Claude (31,86%).
Le « Républicain » Daniel Roy dans la deuxième circonscription arrache un timide 5,93%, son principal plébiscite étant à Saint-Claude avec 9,09%. Nicole Friess et Brigitte Vuitton pour « Lutte Ouvrière » en resteront à un total de 1,44%, mais soulèvent respectivement jusqu’à 3,47% à Charles Fourrier et même 9,09% au centre administratif. Toutes les autres listes furent uniquement présentes sur la première circonscription et demeureront en-dessous de 5%, « l’écologie au centre » faisant au mieux 4,18% à Jules Haag/Marceaux, le NPA-Révolutionnaires 1,32% à Cologne, ou encore « Régions et Peuples Solidaires » 0,21% à Charles Fourrier lui offrant ainsi son unique soutien dans la capitale comtoise. Ces résultats confirment donc la continuité d’un ancrage de gauche oscillant autour de 45%, mais aussi une implantation durable des références nationalistes en particulier à travers le « Rassemblement National » qui recueille plus d’un cinquième des suffrages au détriment de la droite.
En ruralité, les tendances n’ont jamais été aussi conservatrices pour des législatives. Sur la première circonscription, Thomas Lutz (RN) s’empare de cinquante-quatre communes, s’imposant à Courchapon avec 64,62% et étant à au moins 50% sur Burgille, Étrabonne, Jallerange, Lantenne-Vertière, Mercey-le-Grand, Palantine, Roset-Fluans et Sauvagney ; Laurent Croizier (MoDem) est en tête dans vingt-neuf, obtenant son meilleur score à Cussey-sur-Lison avec 60,78% et étant à 50% sur Samson ; Séverine Véziès (NFP) en emporte sept, réalisant 67,35% à By. Dans la seconde c’est soixante-dix mairies pour Éric Fusis (RN), dont une pointe à Rougemontot avec 66,18% et au moins 50% sur Battenans-les-Mines, Dammartin-les-Templiers, Échevannes, Germondans, Longeville, Mérey-Vieilley, Palise, Pouligney-Lusans, Saint-Hilaire, Venise, Vennans et Villers-Grélot ; onze pour Benoît Vuillemin (Ens) et six pour Dominique Voynet (NFP), aucun ne parvenant à conquérir au-delà de la moitié des suffrages.