Lors du conseil municipal du 16 mai 2024, l’ordre du jour comprenait un vote sur l’adhésion de la commune de Besançon à « l’Association des Villes pour la Propreté Urbaine ». Le LR Ludovic Fagaut et le MoDem Laurent Croizier, profitant alors des débats, ont dénoncé, non sans règlements de compte partisans, les « affichages sauvages » qui « saccagent notre ville ». Invitée à sévir et créer une « brigade » spécifique, l’adjointe concernée, Marie Zehaf, interpellée, tentera de juguler la polémique, affirmant que « des factures seraient envoyées pour le nettoyage, comme aux dernières élections ». Une convergence droite-gauche qui détonne, mais se rapportant à un sujet faisant à priori consensus. Pourtant, le débat est sans doute ailleurs.
« La Boucle et Battant, il n’y a presque rien pour coller »
Sur les tenants et aboutissants de fond, pas le moindre mot quelle que soit la sensibilité. Pour l’ensemble des représentant·e·s ces dérives sont condamnables, ne méritant aucune autre réflexion. Quitte à fulminer contre les indélicat·e·s, en les menaçant de sanctions pécuniaires et de poursuites pénales. La position de la municipalité s’avère attendue, celle-ci considérant que les minimas légaux sont respectés et suffisants en terme d’affichage libre. Marie Zehaf, rappelant, en 2022, que « cinquante-cinq viroles et panneaux » étaient à disposition, auxquels s’ajoutent « cinq murs » [pour le graff’] totalisant « 600m² ». Une réponse-type qui méconnaît les réalités du terrain, en omettant de dresser des précisions géographiques utiles également introuvables sur Internet.
Entre l’absence d’implantation de supports dans les secteurs les plus passants et l’instauration de dispositifs uniquement dédiés aux formats professionnels, pour bien des militant·e·s le compte n’y est pas : « On pourrait évoquer la Boucle et Battant où il n’y a presque rien pour coller, cependant dans d’autres quartiers genre Planoise ça ne va pas mieux. Le centre Cassin est commerçant et piéton, l’idéal pour toucher la population. Mais plutôt que de privilégier la zone animée où il n’existe qu’un point parc de l’Europe, on se retrouve avec deux piliers face-à-face dans le no man’s land de Lafayette. Un flux réduit, routier et extérieur, qui de surcroît ne peut nous lire, les structures modestes ne pouvant tirer des A0 qui sont les seules dimensions vraiment visibles dans ce cas ».
Fatalité blâmable, ou choix politique ?
Plusieurs carences critiques, achevées par des pratiques illégales. En effet nombre d’entreprises n’hésitent pas à utiliser quotidiennement et massivement ces espaces, excluant normalement toutes les activités commerciales ou mercantiles. Une violation manifeste des dispositions au code de l’environnement, qui n’a jusqu’ici jamais fait réagir les autorités. « Nous n’avons déjà pas grand-chose, mais ce minimum se trouve en plus étouffé à cause de boîtes peu scrupuleuses. Aucune organisation ne peut rivaliser avec des sociétés qui disposent de salarié·e·s et de moyens considérables pour recouvrir la ville afin d’annoncer leurs spectacles et concerts. Lorsque de ce côté-là la loi est ostensiblement violée c’est silence radio total, alors on fait comment nous ? »
Depuis plus de dix ans des alternatives sont demandées, en particulier autour de la conception de « plateformes de proximité ». Une taille réduite et harmonieuse, visant à accueillir un gabarit A4/A3 propice aux communications citoyennes et autorisant leur multiplication dans les territoires citadins. « La mairie a pondu des attrapes chewing-gums, alors pourquoi quand c’est pour la liberté d’expression ça ne serait pas possible ? On nous dit constamment que les études ont été lancées, qu’on ne manquera pas de nous solliciter lors de concertations. J’entends ça depuis le premier mandat Fousseret, on se fout de nous. Pour la majorité comme l’opposition, la priorité c’est de taper sur celleux qui sortent du rang plutôt que de trouver de vraies solutions » résume un associatif.
Image d’illustration : Vitrine d’un commerce fermé à Battant, recouverte d’affiches.