Une mobilisation était organisée à la Saline Royale d’Arc-et-Senans ce vendredi, dans le cadre de la commémoration internationale des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. Les 6 et 9 août 1945, ces deux villes japonaises et leurs populations furent en effet anéanties par les États-Unis nouvellement dotés de l’armement nucléaire. Alors que le pays était déjà à genoux dans cette fin de Seconde Guerre mondiale, ce que certaines voix qualifient de « crime de guerre » continuent de dénoncer un usage injustifié qui n’avait d’autre objectif que de tester cet outil à grande échelle et intimider la puissance adverse que constituait l’URSS.
Soixante-dix-neuf ans et la fin de la guerre froide sont certes passés depuis, mais la question reste plus que jamais prioritaire pour les partisan·e·s de la paix. Ainsi est née l’association « Agir pour le Désarmement Nucléaire » (ADN), le 30 juin 2015 dans le Jura. Elle fut particulièrement nourrie par la parole et l’action du père Lucien Converset dit Lulu, ayant traversé le monde de 2012 à 2014 avec son âne Isidor. Une initiative portée et élargie avec diverses organisations, dont le « Collectif Bourgogne-Franche-Comté pour l’abolition des armes nucléaires ». Sous un soleil de plomb, les chants de Jean Ferrat interprété par Guy Vigouroux introduisaient le rassemblement.
Hubert Tassy, directeur de la Saline royale d’Arc-et-Senans représentant également Christine Bourquin présidente du Conseil départemental du Doubs, Miku Aoki, vice-consule du Japon, Laurent Croizier, député du Doubs, Anthony Poulin, représentant Dominique Voynet députée du Doubs et Anne Vignot maire de Besançon, Jean-Marie Collin, directeur de ICAN France, Pierre Jacquin-Porretaz, président de ADN, et le prêtre Lucien Converset, président d’honneur pour ADN Jura, étaient notamment présent-e-s, avec une centaine d’autres participant·e·s. Toutes et tous massé·e·s dans le jardin des plantes, au pied d’un Ginkgo biloba devenu un véritable symbole.
« L’armement nucléaire en France c’est l’histoire des essais en Algérie et en Polynésie, mais encore aujourd’hui ça pèse 5,6 milliards de dépenses annuelles. Plus de 17 000 ogives nucléaires sont actuellement comptabilisées dans le monde, or le déploiement d’un millier suffirait à rendre la Terre inhabitable. Il faut arrêter cette folie, ça n’a aucun sens » exposait Jean-Marie Collin. Laurent Croisier saluant pour sa part ce « moment de mémoire » et la « nécessité du dialogue », quand Anthony Poulin exhortait à « une sortie nationale de l’armement nucléaire ». Une plaque en français, anglais et japonais était aussi posée, indiquant : « agir pour l’abolition des armes nucléaires, hommage aux victimes ».
L’après-midi s’achevait par un pot de l’amitié, sous un jeu de cornemuse du « Mouvement pour une Alternative Non-Violente » de Côte-d’Or. Les convives s’avèrent majoritairement issu·e·s de références du catholicisme de gauche, assumant une vision pacifiste, antimilitariste et altermondialiste. Mais beaucoup regrettent que ce combat ne soit plus prioritaire dans les débats politiques et mouvements sociaux, notamment auprès des nouvelles générations. À l’image de cette militante de « Peuples Solidaires » Doubs/Jura, qui constate « tout ce qu’il reste encore à faire en la matière » mais que « d’autres doivent désormais engager notamment chez les plus jeunes ».
Localement, seules deux administrations ont été signataires de la « Campagne Internationale pour Abolir les Armes Nucléaires » (ICAN) et son « appel des villes et collectivités » : la Municipalité de Besançon, en 2020, et la Région Bourgogne/Franche-Comté, en 2022. Avec près d’une centaine d’autres territoires, elles adhèrent ainsi au « Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires » (TIAN) qui veut interdire la possession, la fabrication, l’usage et la menace d’utilisation de toutes armes nucléaires. Initié le 7 juillet 2017, il a depuis été signé par 93 états et ratifié par 70 ; toutefois en Europe, il n’y avait que l’Irlande, l’Autriche, le Vatican, Saint-Marin et Malte.
Illustration d’en-tête : Miku Aoki, vice-consule du Japon au consulat de Strasbourg, se recueille devant la plaque commémorative, tout juste déposée.