Martial Cavatz

Après des tentatives prometteuses sur les réseaux sociaux, il s’est finalement jeté à l’eau. Avec la sortie de son roman autobiographique « les Caractériels », l’écrivain Martial Cavatz donne à lire sur son parcours d’enfant malvoyant au sein d’une famille « dysfonctionnelle ». À l’occasion d’une présentation mardi soir à la librairie bisontine « les Sandales d’Empedocle », il a pu développer quelques intrigues de son ouvrage et de sa vie. Devant une salle remplie et conquise, sans jamais se départir d’une trame touchante et d’un humour grinçant.

« Ici, pas de misérabilisme ». C’est ainsi que Martial Cavatz introduit son œuvre, le récit d’un gamin « bigleux et violent » des Quatre-Cent-Huit. La cité n’est qu’un point de repère, le quarantenaire expliquant que sa famille en était alors elle-même socialement et économiquement marginale et que son parcours a surtout consisté à s’en extraire. Mais elle lui a toutefois offert un élément essentiel, la médiathèque. « C’est un lieu gratuit, ouvert, accessible, où règne la quiétude. Pour une fois, j’ai pu entrer quelque part où des gens étaient heureux que je sois là ».

Les petites histoires se succèdent aux anecdotes, en reprenant des souvenirs parfois percutants. Le sort d’un retraité sénile du coin est ainsi particulièrement parlant, ses modestes revenus étant complètement pillés par les proches et voisin·e·s. Y compris par le jeune Martial, qui explique : « Tout le monde se servait, je ne vois pas pourquoi je n’en profiterais pas aussi. J’avais chopé une montre auprès de revendeurs du pont Battant, une breloque achetée dix francs. Lui présentant une belle pièce, j’ai pu la refourgué à deux-cent… M’achetant ainsi mes premières chaussures de marque ».

Par cet exemple, Cavatz veut faire la part belle aux narrations larmoyantes. « Mon prétendu mérite, il est très relatif. Certain·e·s se complaisent à opposer l’affreux sauvage au bon produit de l’école républicaine, reprenant le mythe libéral. Dans une société inégalitaire, les institutions sont cruciales mais insuffisantes. J’ai pu bénéficier d’aides précieuses grâce à mon handicap, avec un encadrement fort à Bregille. Mais un pote de l’époque est mort, un autre, son frère, est ravagé par le stup’. C’est donc essentiellement une question de chance, sans cela ma trajectoire aurait été différente ».

Martial Cavatz, « Les caractériels », 19 août 2024, Alma Éditeur, 180 pages, ISBN 9782362796296, dix-huit euros, disponible à la librairie « les Sandales d’Empédocle » (95 Grande-Rue, 25 000 Besançon).

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