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C’est la maire Anne Vignot qui l’a annoncé, ce 5 novembre à l’hôtel de ville. La majorité municipale souhaite relancer le projet « d’urbanisation » des Vaîtes, afin de faire émerger quelque six-cents logements à l’horizon 2028-2038. Mais après déjà vingt années de batailles politiques, sociales et judiciaires, la volonté farouche de « bétoniser » ce site naturel et populaire reste fortement contestée. Alors que les premiers coups de pelleteuse sont prévus pour la fin 2026, les contestataires n’entendent toujours pas se laisser faire.

Un agencement vert et à taille humaine, c’est désormais la promesse des pouvoirs publics. Le plan initial de 1 200 logis a certes été divisé par deux, après diverses décisions judiciaires et les avis très partagés d’une conférence citoyenne. Mais au-delà de quelques élu·e·s et promoteurs, cette « nouvelle » résolution est encore loin de soulever l’enthousiasme. Riverain·e·s, maraîcher·e·s et habitant·e·s pourraient donc bien se rebiffer. Ce qu’ont expliqué les responsables de l’association « Jardin des Vaîtes », à l’occasion d’une conférence de presse réunie hier soir.

« Le vrai projet des Vaîtes c’est le nôtre, la préservation du vivant sous toutes ses formes » nous livre-t-on en guise d’introduction. Mais au-delà de la biodiversité et de l’artificialisation des sols, les arguments d’opposition n’ont pas manqué. À la soudaine frénésie de construction locative, la politique parallèle de démolition massive à Planoise est rappelée ; au besoin d’équilibrer les pôles est et ouest de Besançon, le fiasco autour de la « gare-patate » des Auxons est invoqué ; au risque documenté de glissement de terrain sur ce site, le récent désastre en Espagne est cité

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Installation de la « ZAD des Vaîtes », en juin 2020.


Mais alors que les flous subsistent
sur bien des aspects comme le nombre d’hectares réellement impactés et sacralisés, d’autres craintes se dessinent d’emblée de manière plus précise. En ligne de mire notamment, le sort réservé aux dizaines de jardinier·e·s. Les Autorités considèrent en effet leur occupation comme « illégale », proposant ainsi de « régulariser leur présence » moyennant un « statut professionnel ». Une issue et une terminologie insupportables pour Claire Arnoux, qui dénonce un chantage à l’expulsion sous les traits d’une logorrhée patronale violente.

« Il y a jusqu’à deux cents personnes concernées, dont des ancien·ne·s, des jeunes, des familles. Ielles se partagent ce territoire depuis toujours, l’entretiennent, le cultivent, le font vivre. D’un coup on exige qu’ielles s’inscrivent dans un cadre donné en leur imposant une parcelle de 100m² sur cinq ans, mais que fait-on des lopins entièrement vivriers, des cabanons, des espaces conviviaux avec tables et barbecues ? D’Aubervilliers à la Métropole bobo de Dijon, on est sur du 150 à 400m² minimum. Ce que la Mairie EÉLV veut abattre, c’est un état d’esprit populaire, autogestionnaire et ingouvernable ».

La militante cible également l’agence de communication choisie, « À vrai dire la ville ». Partie prenante de programmes tels que « Europacity » ou le « plateau de Sacley », partenaire de « Suez » ou de « Total », son site web compte une page au titre plutôt évocateur : « pour en finir avec les riverains ». On l’aura donc compris, le bras de fer repart de plus belle ; Le tout sur fond de campagne électorale, les conséquences se prolongeant dans le futur scrutin municipal… Alors qu’un rapprochement était envisagé, un ponte nous l’affirme : « À LFI, ça reste une ligne rouge ».

Image d’en-tête : illustration d’un jardinier des Vaîtes, rencontré en juin 2019.

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