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Le projet a été achevé en février 2024, mais le grand public ne l’a découvert que ce vendredi 29 novembre à Besançon. Entre les murs du café-librairie « l’Interstice », une quarantaine de spectateurs et spectatrices se sont laissé·e·s emporter par un récit radiophonique poignant dédié à l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG). « Dans ton ventre désert, je vois des multitudes » est porté par Lucie Lombart, co-responsable de la compagnie « la dernière maison du village ». Un ouvrage de longue haleine entièrement autoproduit, adapté et enrichi d’une première pièce de théâtre sommairement jouée courant 2017.

Ainsi que l’œuvre est résumée, il s’agit de restituer le « parcours-témoignage d’une femme, blanche et valide, une jeune adulte dans le monde d’aujourd’hui. De ce que ça implique pour le personnage : le refus d’être mère, l’avortement, le désespoir et puis la résilience. Du chemin parcouru pour sortir de soi-même et regarder dehors, puiser de la force dans l’énergie collective, se sentir à nouveau appartenir au monde, et contre la violence du monde et des hommes œuvrer pour la douceur. Accepter, au sortir du chaos, d’être vivante, le célébrer et plutôt que de tout comprendre et tout pouvoir, faire l’éloge de la candeur et de la fragilité ».

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Aperçu de la soirée à « l’Interstice », durant les échanges post-diffusion.

Pendant quarante-cinq minutes, les paroles, les notes, les frissons s’enchaînent. Absorbé·e·s par la narration, les participant·e·s écoutent, ressentent, vivent la prose. Poser ainsi des mots sur une matière aussi intime que délicate reste un exercice périlleux, mais c’est un choix assumé et réussi par les protagonistes. Lesquel·le·s insistent spécialement sur la dimension sensorielle et émotionnelle du sujet, à travers les frémissements d’une personne confrontée à la question. « Le rapport à l’IVG n’est pas seulement médical ou politique, mais aussi existentiel » insiste la philosophe Lucie Ferlat, à l’issue de la diffusion.

« Rien n’est quotidien ou réaliste dans ce monologue – écriture elliptique, pas de chronologie, pas d’espace précis : c’est aussi pour ça que nous avons envie de le porter à la radio. Nous désirons investir sa dimension poétique : ouvrir via le son et la musique le champ des espaces mentaux nous semble être un travail enrichissant. Nous voulons proposer une fiction sensible, une traversée partagée aux côtés de ce personnage qui fait le chemin vers la résilience » a-t-il encore été exposé sur site et rappelé. Aucune autre représentation n’est encore actée à ce jour, mais l’autrice et ses compères entendent bien réitérer l’expérience.

 

Illustration d’en-tête et Instagram : Galerie photo – la dernière maison du village.

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