Pavoisant le fronton de certains édifices emblématiques de la ville, les bannières européenne, française et bisontine s’accompagnent souvent, au gré des bouleversements du monde, d’autres étendards. Plus que la simple résolution d’une instance publique, cette volonté engage aussi et surtout les administré·e·s qu’elle représente. Une orientation dite universaliste, humaniste, républicaine, se prévalant du lignage de Victor Hugo et des luttes sociétales qui ont toujours façonnées la cité. C’est cette logique qui a amené à hisser le drapeau bleu et jaune à partir du 25 février 2022, le lendemain de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ; Ou à rendre hommage à Mahsa Amini et à la résistance civile iranienne le 25 octobre suivant, s’élevant contre un régime théocratique assassin.
Si personne ne conteste la justesse de ces causes ni la nécessité de les soutenir avec force, beaucoup soulignent toutefois certains choix assez arbitraires. De la persécution des Ouïghours à la famine au Yémen en passant par la guerre du Kivu, les tragédies ne manquent malheureusement pas. Mais depuis plus d’un an, la défense des droits du peuple palestinien agite particulièrement la capitale comtoise. Entre les dizaines de milliers de mort·e·s, la qualification croissante de génocide et les débordements au Liban et en Syrie, une solidarité tenace et populaire ne s’est jamais démentie. Jusqu’à 1 500 personnes ont ainsi manifesté pour un cessez-le-feu immédiat, alors que la façade de l’hôtel de ville est régulièrement « recolorée » aux rythme des cortèges et évènements persistants.
Mais sur ce volet précis, les administrations s’avèrent extrêmement tièdes. Certes, Besançon s’inscrit dans une coopération avec le camp de réfugié·e·s d’Aqabat Jabr depuis 2010, incluant un programme sur l’eau et l’assainissement. Un engagement humanitaire notable, qui s’arrête donc néanmoins au plan politique. Alors que se positionner quant aux exactions d’Ali Khamenei ou de Vladimir Poutine semble être une évidence, pourquoi cette grille de lecture s’enraie subitement s’agissant de Benyamin Netanyahou – celui-ci étant a fortiori désormais sous mandat d’arrêt de la cour pénale internationale, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité ? Entre la suprématie de la géostratégie et les indignations sélectives, ici l’élévation du local n’est pas toujours une évidence.
Illustration d’en-tête : Drapeaux des mats de la mairie, le 9 janvier 2025. On y retrouve, de gauche à droite, l’Union Européenne, la République Française, la Ville de Besançon, ainsi que la République d’Ukraine.