À Salins-les-Bains et Souvans, dans le Jura, l’implantation de deux méga-usines nourrit une forte contestation. Pour les opposant·e·s, le projet de production de granulés de bois, porté par les firmes « EO2 » et « EC Bioenergie » depuis 2023, mettrait gravement en péril l’équilibre forestier du secteur. Avec une demande de subventions liée à ces installations émise auprès de « l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie » (ADEME), un rapport est alors commandé à la « cellule biomasse » constituée au sein de la préfecture de région.
Mais pour l’un et l’autre dessein, le document en question proclame une « réserve majeure », en constatant que les apports en résineux et feuillus seraient insuffisants en l’état. Avec une volonté d’engloutir quelque 400 000 tonnes de biomasse, les deux entités pèseraient en effet presque autant que les treize autres sociétés du genre sur l’ensemble de la Bourgogne/Franche-Comté. Un avis qui rejoint d’ailleurs le cahier des charges initial de « l’ADEME », lequel indique explicitement l’exclusion de toute proposition dont l’approvisionnement ne serait pas garanti.
Un risque de surexploitation d’autant plus fort que le domaine local, déjà touché par les sécheresses et attaques d’insectes, va faire face à des difficultés majeures ces prochaines années, selon l’analyse de la cour des comptes. Mais pas de quoi refroidir le préfet de région, Paul Mourier. Ainsi que le révèle Mickaël Correia pour « Médiapart » dans un article publié ce lundi 3 mars, son cabinet vient malgré tout d’agréer le financement sur fonds publics de ces entreprises. Quant à la suite du calendrier, le haut-fonctionnaire indique qu’il « prendra sa décision en temps voulu ».
Illustration d’en-tête : Panorama aux abords du lac de Saint-Point, dans le massif du Jura – Claudine Booth/CC BY-NC-SA 2.0.