Tout juste reformée sous le statut « d’établissement expérimental » depuis le 13 janvier dernier, l’ancienne université de Franche-Comté appelle ses quelque 30 000 apprenant·e·s et 2 700 membres du personnel à se rendre aux urnes du 1er au 3 avril prochain. Toutes et tous doivent ainsi composer le « conseil d’administration » (principales orientations), la « commission de recherche » (politiques scientifiques) et la « commission de la formation et de la vie universitaire » (conditions de vie et d’études). Si les listes définitives ne devraient être annoncées que mardi prochain, selon nos informations, cinq ont été déposées côté étudiant·s : deux classées à gauche, une dite de corporations et deux d’extrême-droite.

Un peu bousculé par les élections CROUS de février 2024, le « Bureau des Associations Franc-comtoises »/« Fédération des Associations Générales Étudiantes » (BAF/FAGE), regroupant une bonne part des associations étudiantes ou « corporations », espère conserver sa première place, en se revendiquant comme une force d’équilibre et apartisane. Face à lui, la majorité des syndicats « progressistes » et « de lutte » sont parvenus à s’entendre sur une présence commune : « l’Union Nationale des Étudiant·e·s de France » (UNEF), la « Confédération Générale du Travail – Salarié·e·s/Étudiant·e·s » (CGT) et « SUD/Solidaires Étudiant·e·s » formeront donc un bloc de gauche unanime. Après de vives négociations internes, une telle coalition semble inédite dans la région.

Exclue de la synergie, « l’Alternative Étudiante Bisontine » (AEB) fera cavalier seul. Cette émanation de « l’Union Étudiante » proche de LFI a pu compter un temps avec une popularité fulgurante, mais, sur le terrain, elle se retrouve désormais marginalisée depuis fin 2023. Dans le sillage de l’affaire Hugo Prevost, des accusations de VSS et de management toxique avaient également entaché des responsables locaux. L’antenne a ainsi éclaté, vidée de la quasi-totalité de ses adhérent·s dont beaucoup dénoncent encore aujourd’hui ce lourd passif. Reste enfin deux courants aux relents et polémiques explicitement néofascistes, à travers « l’Union Nationale Inter-universitaire » (UNI) et « la Cocarde Étudiante » particulièrement implantées dans le nord Franche-Comté.

Avec un (modeste) mouvement contestataire naissant, la campagne pourrait aussi se tourner vers les préoccupations récemment exposées. Sur les bancs de la dernière assemblée générale à l’UFR-SLHS Mégevand, une trentaine d’opposant·e·s reprenaient leur argumentaire à l’encontre de « l’EPE Marie et Louis Pasteur ». Certes, le vote n’a jamais enthousiasmé la masse des inscrit·e·s, avec une participation oscillant entre 10 et 15%. Mais ielles craignent que leurs voix aient encore moins de poids, considérant les largesses que permettraient les nouvelles latitudes de leur université. « Sous cette forme, la présidence pourra encore plus s’affranchir de la représentativité afin d’appliquer les axes qu’elle souhaite. Alors ce scrutin, on s’en fout totalement » relatait ainsi un militant libertaire.

Mise à jour du vendredi 7 mars à 17h00 : Il s’avère qu’une autre liste a été déposée, sous le nom de « Une nouvelle équipe pour une université du XXI° siècle ». Il n’y aura donc pas cinq bulletins possibles à cette échéance, mais finalement six. Nos sources universitaires et syndicales se montrent toutefois perplexes quant à la composition et l’orientation de cette entité, aucune ne sachant d’où émane cette proposition ni ce qu’elle représente vraiment.


Illustration d’en-tête : Rawpixel/CC0.

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