L’appel a été lancé ce dimanche par l’adjoint Hasni Alem, exhortant ses concitoyen·ne·s à la mobilisation le soir-même sur les réseaux sociaux. « Cette annonce a été spontanée, j’ai conscience que les délais ne permettront que difficilement d’avoir un écho large dans la population. Mais il était impossible d’être passif face à cette actualité, y compris modestement, nous devions affirmer notre indignation » indique-t-il. Avec l’assassinat d’un fidèle à Alès ce vendredi, une colère froide semble être remontée. Forte autorité locale, la mosquée Souna s’est ainsi faite le relais « de ce jour noir ». « Veillons à ce que la communauté ne se retrouve pas encore seule dans cette épreuve, que ce sursaut soit celui de toutes et tous. Même si, pour l’instant, il faut l’avouer, politiques et institutionnel·le·s ne prennent probablement pas assez la mesure du problème de fond » s’inquiète une anonyme.
Si seulement une quarantaine de participant·e·s se sont finalement présenté·e·s à 18h00 place Louis Pasteur, une certaine union de circonstance était néanmoins palpable. Côté militant·e·s, socialistes, communistes, insoumis·e·s et antifas se sont retrouvé·e·s, alors que quelques représentant·e·s de quartiers avaient également fait le déplacement. C’est notamment le cas de Zohra, mère de famille demeurant à Planoise. « J’ai été informée tardivement de cette initiative, mais je tenais à être présente. Les musulman·e·s sont particulièrement visé·e·s, dans les discours et les actes. Ça part du simple cliché sur la pratique religieuse, aux injures franches et à l’arrachage de foulards. La plupart des médias et élu·e·s sont devenu·e·s le tremplin d’une véritable guerre civile, qui se traduit par des attentats comme celui qui vient d’avoir lieu dans le Gard. Aujourd’hui en France, nous sommes des cibles ».
Après une minute de silence, beaucoup reprenaient une rétrospective semblable. Localement, impossible par exemple de ne pas penser aux tirs contre un lieu de culte de Morteau durant le ramadan. « Les atteintes démonstratives sont encore rares, même si elles sont en constante augmentation. Reste un racisme du quotidien, qui devient à la fois massif et décomplexé » analyse Lucie, sociale-démocrate non-encartée. Vision identique de Sylvie, membre de LFI qui a pris la parole : « Une telle horreur, ce n’est jamais que les conséquences d’une campagne de haine qui s’épanouit. On se focalise sur l’exécutant, mais qui a armé idéologiquement cet assassin ? Proclamation de Bruno Retailleau sur le voile, dérapage de Louis Sarkozy incitant à brûler les consulats d’Algérie, bataille du lycée Averroès contre l’État… En refusant de s’élever contre cette situation, on permet qu’elle se poursuivre ! »
Illustration d’en-tête : Aperçu du rassemblement, Hasni Alem (au centre, de dos) étant applaudi par les participant·e·s après une prise de parole.